La dette extérieure africaine a atteint un niveau inquiétant. Selon les statistiques de la Banque mondiale, la dette africaine a augmenté de 192% entre 2010 et 2023, atteignant un stock de dette extérieure de 1100 milliards de dollars à fin 2023.
Belmondo ATIKPO
Lors d’un point de presse le lundi 22 juillet 2024, en marge du Forum politique de haut niveau 2024 des Nations Unies, Claver Gatete, secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), a appelé les pays à explorer des réformes du cadre commun d’allègement de la dette pour mieux faire face à l’endettement élevé et croissant en Afrique. Le secrétaire exécutif Claver Gatete, a insisté sur la nécessité de réformer l’architecture financière existante pour permettre aux États de mieux amorcer leur développement. Le SE de la CEA a également mentionné, citant la Banque mondiale, que « Les pays africains paient 163 milliards de dollars par an pour la servir, ce qui leur laisse peu de marge pour mettre en œuvre les Objectifs du développement durable (ODD) et l’Agenda 2063 de l’Union africaine ». Soulignant la nécessité de lutter contre les flux financiers illicites pour mobiliser davantage de ressources intérieures en Afrique et améliorer la fiscalité, il a insisté sur l’importance de développer les marchés de capitaux pour fournir des ressources à long terme, en impliquant davantage le secteur privé en Afrique. On a assisté à des émissions réussies de la Côte d’Ivoire, du Bénin et du Kenya début 2024, suivies de celles du Sénégal qui a obtenu un taux de 7,75% dans un récent placement privé.
Mais la plus récente sortie du Cameroun, le 23 Juillet 2024, où les investisseurs ont bouclé sur un taux d’intérêt de 10,75% rappelle les défis persistants pour les pays africains. Le continent peut toujours bénéficier des prêts des institutions publiques internationales qui portent un taux plus faible, mais nécessitent parfois des réformes coûteuses et contraignantes pour l’économie des pays demandeurs. La Chine joue un rôle particulier en tant que créancier, facturant en moyenne des taux d’intérêt de 3,2%, nettement plus que les autres créanciers étatiques.
Toutefois, elle sollicite souvent des garanties qui rendent son financement encore plus cher. Cette disparité croissante des taux d’intérêt entre créanciers publics et privés fait que « l’argent des contribuables finance les rendements élevés d’investisseurs privés tels que les fonds spéculatifs », selon de nombreux experts. Pourtant, les pays africains n’ont souvent pas le choix, car il est parfois difficile pour eux d’obtenir des ressources à des taux plus avantageux sur leurs marchés locaux des capitaux. Sur le plan fiscal, les négociations en cours dans le cadre des Nations Unies offrent la perspective d’un système fiscal mondial plus juste et inclusif. Le groupe africain travaille actuellement à influencer les termes de référence de négociation de ce nouveau cadre de coopération fiscale. Ses propositions en appellent à plus de justice dans l’attribution des droits d’imposition, un impôt minimal suffisamment élevé pour décourager la compétition fiscale des paradis fiscaux. Elles défendent aussi le principe d’une collaboration fiscale plus équitable, basée sur des règles de transparence strictes, en matière de propriété effective et de performances économiques pays par pays des entreprises. Les pays africains affirment qu’avec un montant estimé à 50 milliards de dollars par an, ils sont parmi les plus grands perdants des flux financiers illicites et de l’évasion fiscale. Mais bien mieux que de faire ce constat, de nombreuses organisations de la société civile les invitent à s’éloigner des cadres mis en place par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), et qui sont jugés insuffisants, comme le reporting pays par pays avec un seuil de 750 millions de dollars inopérant pour eux.