Niger : vers une économie moins dépendante de l’aide extérieure
Un bilan qui dément les prédictions pessimistes
En dépit des sanctions économiques et d’un contexte de tensions géopolitiques, le Niger a su mobiliser des ressources financières impressionnantes sous la direction du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP). Le bilan de l’an 1 du ministère de l’Économie et des Finances, publié le 31 juillet dernier, révèle une gestion budgétaire rigoureuse et des réformes profondes visant à renforcer la souveraineté nationale. Focus sur les principaux enseignements de ce bilan.
S.T.
Depuis les événements du 26 juillet 2023, le Niger a fait, et continue d’ailleurs, de faire face à des défis pas des moindres. Entre sanctions économiques sévères et un climat d’incertitude politique, une horde de voix ont parié sur l’effondrement rapide de l’économie du pays. Cependant, le bilan annuel du ministère de l’Économie et des Finances, présenté le 31 juillet 2024, évoque une tout autre histoire : celle d’un Niger résilient, déterminé à affirmer sa souveraineté et à poser les bases d’une refondation économique solide. En une année, le Niger, un des pays les plus riches en uranium, aura réussi à mobiliser plus de 1 419 milliards de FCFA, dont 786 milliards issus de ressources internes. Cette performance, en grande partie réalisée en période de sanctions, témoigne de la capacité du pays à diversifier ses sources de financement. En particulier, 633 milliards de FCFA ont été levés sur le marché financier régional, permettant de couvrir une partie importante des besoins du service de la dette publique, qui s’élève à 563,3 milliards de FCFA. En parallèle, l’État nigérien a perçu 12 milliards de FCFA en dividendes liés à ses participations dans le capital de plusieurs sociétés. Ce montant, bien que modeste, reflète une volonté d’optimiser les actifs publics tout en renforçant les capacités de l’État dans les entreprises stratégiques.
Réformes structurelles, digitalisation et réappropriation des actifs
L’année 2023 aura été, par ailleurs, marquée par de profondes réformes touchant à plusieurs volets de la gestion publique. L’accent a été mis sur la digitalisation des services et la dématérialisation des procédures budgétaires et des marchés publics, permettant ainsi d’améliorer la transparence et l’efficacité administrative. Le ministère a également renforcé la lutte contre le blanchiment de capitaux, avec la transmission de 37 dossiers aux autorités compétentes, et a attribué 1 526 nouveaux postes budgétaires, ciblant principalement l’éducation et la justice. Un autre point fort de ces réformes a été la gestion budgétaire, qui s’est conformée à la loi organique relative aux lois de finances. Le gouvernement a ainsi pu mobiliser 149,6 milliards de FCFA au titre des appuis budgétaires et des projets de développement, tout en respectant une discipline budgétaire rigoureuse orientée vers les besoins vitaux des citoyens. Dans le cadre de la gestion du patrimoine de l’État, plusieurs actions ont été entreprises pour réduire les coûts et optimiser l’utilisation des biens publics. La résiliation de 39 contrats de maisons conventionnées abritant des institutions dissoutes a permis une économie de 1,123 milliard de FCFA. De plus, la récupération de l’immeuble de l’Uranium pour le compte du ministère des Mines, après la dénonciation de la convention de location avec des sociétés minières, montre une stratégie claire de réappropriation des actifs stratégiques par l’État.
Vers une nouvelle vision de développement
La mise en place du Programme de Résilience pour la Sauvegarde de la Patrie (PRSP) pour la période 2024-2026, avec une enveloppe de plus de 8 754 milliards de FCFA, marque une étape clé dans la politique économique du Niger. Ce programme, structuré autour de quatre axes majeurs à savoir : gouvernance, sécurité, développement inclusif du capital humain, et participation citoyenne, vise à redéfinir les priorités nationales en vue d’une véritable autonomie économique et d’un développement durable. Le PRSP illustre une volonté de renforcer la souveraineté nationale tout en répondant aux aspirations réelles du peuple nigérien. Ce programme s’inscrit dans une dynamique de long terme, avec des réformes visant à améliorer la croissance économique, créer des emplois et promouvoir la participation citoyenne à la gouvernance.
Un succès qui dément les pronostics
Le bilan que présente le Niger en matière de gestion des finances publiques au titre de l’année 2023, contredit les prédictions pessimistes faites au lendemain des sanctions et démontre de la capacité du pays à résister aux pressions extérieures et à avancer vers une refondation économique et politique. La mobilisation des ressources internes et externes, ainsi que la mise en œuvre du PRSP, sont autant de signaux forts envoyés par le Niger pour affirmer son indépendance et sa capacité à maîtriser son destin, même en des temps de crise. Le chemin reste parsemé d’embûches, mais les bases sont posées pour un aveni