Avec une population en forte croissance, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ambitionne d’atteindre l’autosuffisance en riz à l’horizon 2035. Pour ce faire, l’institution régionale a décidé d’engager près de 19 milliards de dollars dans la production agricole.
Sylvestre TCHOMAKOU
Deuxième région importatrice de riz au monde après l’Asie, l’Afrique de l’Ouest se ménage à concrétiser son agenda pour l’autosuffisance en riz. Samedi 19 octobre, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a annoncé, via un communiqué publié sur sa page X (anciennement Twitter), un plan de mobilisation de ressources additionnelles de 19 milliards de dollars pour renforcer sa capacité de production de riz d’ici 2035. Ce programme s’inscrit dans la continuité des initiatives agricoles régionales, après l’« Offensive riz » qui visait l’autosuffisance sur la période 2015-2025. Ce nouveau plan stratégique prévoit une allocation de 14 milliards de dollars pour les investissements en capital (CAPEX) destinés à la construction et à l’amélioration d’infrastructures agricoles essentielles : systèmes d’irrigation, installations de stockage, unités de transformation et routes rurales. Une enveloppe de 5 milliards de dollars sera, quant à elle, consacrée aux dépenses d’exploitation (OPEX), notamment pour la subvention des intrants agricoles et le financement de programmes de formation pour moderniser les pratiques agricoles dans la région. La demande de riz en Afrique de l’Ouest continue de croître sous l’effet de l’urbanisation et des changements alimentaires, créant une pression supplémentaire sur une production qui ne couvre actuellement que 60 % des besoins. Selon les données de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), la sous-région a produit plus de 22,2 millions de tonnes de riz en 2022, mais a dû en importer 9,2 millions pour combler le déficit. Le Nigeria, la Côte d’Ivoire et le Sénégal, qui sont à la fois les principaux producteurs et les plus gros importateurs de riz, ont totalisé une moyenne de 5,3 millions de tonnes de riz blanc importées par an entre 2020 et 2022. Cette nouvelle stratégie de la CEDEAO devrait permettre à ces pays de mieux structurer leurs chaînes de valeur rizicoles, en renforçant les capacités locales de production, de transformation et de distribution. Le développement d’infrastructures telles que les systèmes d’irrigation et les entrepôts de stockage contribueront également à réduire les pertes post-récolte, qui sont un obstacle majeur à l’augmentation de la production agricole dans la région.
Une mobilisation capitale pour l’avenir
L’objectif d’atteindre l’autosuffisance en riz, d’ici 2035, représente un immense défi pour la CEDEAO. Avec une superficie rizicole de plus de 10 millions d’hectares en Afrique de l’Ouest, la région dispose pourtant d’un fort potentiel de production qui pourrait être exploité à travers une meilleure gestion des ressources et une mécanisation accrue. Les détails complets des interventions du programme n’ont pas encore été révélés, mais les experts s’attendent à des initiatives visant à moderniser l’ensemble du secteur rizicole. Les soutiens financiers promis devraient également profiter aux petits exploitants agricoles, dont la contribution sera essentielle pour atteindre cet objectif ambitieux. Les programmes de formation et d’assistance technique prévus dans cette feuille de route devraient, quant à eux, permettre aux producteurs de s’adapter aux nouvelles technologies agricoles et d’améliorer leurs rendements. Alors que l’Afrique de l’Ouest cherche à réduire sa dépendance aux importations alimentaires, cette nouvelle phase de l’« Offensive riz » pourrait marquer un tournant décisif dans la quête de sécurité alimentaire et de souveraineté économique pour l’ensemble de la région.