Les envois d’argent de migrants vers leur pays d’origine génèrent 690 milliards de dollars en 2024, soit une hausse de plus 3%. Ces flux de capitaux massifs servent aux nombreux foyers démunis, aux banques et aux Etats.
Belmondo ATIKPO
Entre 2022 et 2030, on estime que 5 400 milliards de dollars seront envoyés par les travailleurs migrants dans leurs communautés d’origine dans des pays en développement. Le FIDA préconise d’exploiter ces flux au bénéfice de la transformation du monde rural et du développement durable. En augmentation régulière depuis les deux dernières décennies, les transferts en direction de l’Afrique subsaharienne sont estimés par la Banque Mondiale à 2,2% du PIB de cette partie du continent en 2009. Dans les économies de l’UEMOA, les fonds reçus des travailleurs migrants ont quasiment quadruplé entre 2000 et 2008, passant de 323,1 milliards de FCFA à 1.223,5 milliards. Rapportés au PIB, ils ont gagné 2,2 points de pourcentage sur la période pour atteindre 3,9% en 2008, soit une progression moyenne de 2,9% par an sur la période. Pour le Bénin, les transferts reçus sont estimés à 2,9% du PIB en moyenne sur la période 2000-2008. En 2022, 647 milliards de dollars ont été envoyés dans les pays à revenu faible et intermédiaire par les travailleurs émigrés. On estime qu’environ 75% de ces fonds sont utilisés pour couvrir les besoins immédiats, ce qui signifie que les 25% restants, soit plus de 100 milliards de dollars chaque année, peuvent être utilisés à d’autres fins. Le montant qui compte le plus, ce sont les 200 ou 300 USD reçus régulièrement par les familles.
Cette somme représente 60% du revenu total d’un ménage et, si elle est mise à profit, elle peut améliorer grandement les conditions de vie des émigrants et de leur communauté d’origine. Avec ces fonds en apparence modestes, les familles bénéficiaires s’emploient à atteindre par elles-mêmes « leurs ODD personnels »: réduction de la pauvreté, amélioration de la nutrition et de la santé, éducation, amélioration du logement et de l’assainissement, création d’entreprise, inclusion financière et réduction des inégalités. Ils permettent aussi de faire face aux imprévus de la vie grâce à l’épargne et d’envisager un avenir plus stable au travers de la constitution d’un patrimoine. Avec une augmentation de 1,5 %, l’Afrique subsaharienne sera la région où les envois de fonds progresseront le moins en 2024, après une baisse de 0,3 % l’année dernière. Elle sera surpassée par l’Asie de l’Est et le Pacifique, à l’exclusion de la Chine (+5,8 %), suivie du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (+4,3 %), de l’Asie du Sud (+4,2 %) et de l’Amérique latine et des Caraïbes (+2,7 %). Seule la région Europe et Asie centrale devrait enregistrer une diminution des remises, avec une baisse prévue d’environ 1,9 % cette année, selon la Banque mondiale. L’institution indique que cette hausse s’inscrit dans le cadre d’une augmentation globale des envois de fonds mondiaux en 2024. Après un ralentissement en 2023, ces transferts devraient croître de 2,3 % cette année, bien que la Banque prévoit une répartition inégale de cette croissance selon les régions. « Les risques potentiels de révision à la baisse de ces projections découleraient d’une croissance économique plus faible que prévu dans les pays à revenu élevé accueillant des migrants, ainsi que de la volatilité des prix du pétrole et des taux de change », précise l’institution dans son communiqué. « La résilience des envois de fonds souligne leur importance pour des millions de personnes. Tirer parti des remises migratoires pour favoriser l’inclusion financière et l’accès aux marchés de capitaux peut améliorer les perspectives de développement des pays bénéficiaires », a indiqué Dilip Ratha, économiste et auteur principal du rapport. « C’est pourquoi la Banque mondiale cherche à réduire les coûts associés et à faciliter les flux officiels en atténuant les risques politiques et commerciaux, afin de promouvoir l’investissement privé dans ce secteur », a-t-il ajouté.