Ouverte le 21 juillet 2024 à Accra, la 6ème Réunion de Coordination semestrielle de l’Union Africaine (UA), ne s’est pas seulement focalisée sur l’évaluation des progrès réalisés dans le cadre de l’agenda d’intégration continentale. L’évènement, précédé de la 45ème réunion du Conseil exécutif de l’UA, a été l’occasion pour le Président de la Banque africaine de développement (BAD), Akinwumi Adesina, d’exposer aux Chefs d’Etat africains, les performances de la Banque au cours des derniers mois.
S.T.
Portant la vision de l’Union africaine (UA), la Banque africaine de développement (BAD) se réjouit d’avoir réussi à augmenter son capital. S’adressant aux chefs d’État et de gouvernement lors de la 6ème réunion de coordination semestrielle de l’UA à Accra, au Ghana, le Président de la BAD, Akinwumi Adesina, a rappelé la récente augmentation du capital de la Banque, qui est passé de 201 à 318 milliards de dollars américains, approuvée par le Conseil des gouverneurs lors des Assemblées annuelles à Nairobi en mai dernier. Cette approbation permettra à la Banque, seule institution financière africaine notée AAA, de préserver son statut et de répondre aux besoins urgents et croissants du continent en matière de développement. Parmi les faits saillants, le président a cité les efforts conjoints de la BAD et de la Banque interaméricaine de développement pour élaborer un nouveau modèle financier permettant de canaliser les droits de tirage spéciaux du Fonds monétaire international via les banques multilatérales de développement. « Je suis ravi de vous informer qu’après plus de deux ans d’efforts, et grâce au plaidoyer de l’Union africaine, nous avons enfin réussi », a déclaré, l’économiste Adesina lors de la réunion à laquelle ont participé plusieurs chefs d’État et de gouvernement ainsi que des représentants des communautés économiques régionales. En début d’année, la BAD a lancé un capital hybride de 750 millions de dollars américains, le tout premier jamais réussi par une institution financière multilatérale, qui a été mondialement salué. « Nous avons ainsi créé une nouvelle classe d’actifs pour les investisseurs du monde entier. Ce capital hybride sera multiplié par quatre, ce qui permettra à la Banque d’augmenter sa capacité de prêt », a-t-il indiqué. Il a également informé les dirigeants des progrès réalisés par la Banque pour que les richesses naturelles de l’Afrique soient prises en compte dans le calcul du produit intérieur brut (PIB). Le Mécanisme africain de stabilité financière, une initiative de la Banque visant à atténuer les chocs financiers exogènes et autres subis par les économies africaines, a également progressé. Le comité des quinze ministres des Finances de l’Union africaine a approuvé le cadre de mise en place de ce mécanisme.
La sécurité alimentaire, un objectif
Par ailleurs, pour renforcer la sécurité alimentaire, la Banque a lancé un programme régional de développement en faveur du riz en Afrique de l’Ouest, doté de 650 millions de dollars, en collaboration avec le Centre du riz pour l’Afrique. Environ un million d’agriculteurs répartis dans quinze pays devraient en bénéficier pour produire 53 millions de tonnes de riz. « Dans cinq ans, l’Afrique de l’Ouest deviendra autosuffisante en riz. Nous savons que nous pouvons y parvenir. Grâce à notre travail, nous avons également aidé l’Éthiopie à devenir autosuffisante en blé en moins de quatre ans, et même un pays exportateur net de cette céréale. Ce qui est indispensable, c’est une forte volonté politique », a déclaré le président Adesina, faisant référence au programme phare de la Banque, Technologies pour la transformation de l’agriculture africaine (TAAT). Les dirigeants présents ont également été informés de la confiance croissante dans l’institution. « La semaine dernière, la Banque africaine de développement a été distinguée comme l’institution financière de développement la plus transparente par Publish What You Fund pour ses opérations souveraines ». Cette reconnaissance s’ajoute à d’autres tout aussi remarquables pour la Banque et son guichet concessionnel, le Fonds africain de développement. Adesina a ensuite présenté d’autres résultats notables, notamment l’élargissement de l’accès à l’électricité pour plus de 20 millions de personnes au cours des cinq dernières années et le partenariat signé avec la Banque mondiale pour connecter 300 millions d’Africains à l’électricité d’ici 2030.
L’énergie électrique pour tous
L’initiative Desert to Power de la Banque, d’un montant de 20 milliards de dollars, vise à générer 10 000 mégawatts d’énergie solaire pour desservir 250 millions de personnes dans 11 pays du Sahel. Cette initiative porte déjà ses fruits. Par exemple, le projet d’interconnexion électrique entre la Mauritanie et le Mali, d’un montant de 890 millions de dollars, fait partie de cette initiative et permettra d’accroître le recours aux énergies propres et l’accès à l’électricité pour 2,7 millions de personnes. Le président ghanéen, Nana Addo-Dankwa Akufo-Addo, en sa qualité d’hôte de la réunion, a appelé, lors de la cérémonie d’ouverture, à une action accélérée pour l’adoption de plans visant à atteindre la stabilité financière et l’intégration économique nécessaires au soutien de l’Agenda 2063 de l’Union africaine. Le président de la République islamique de Mauritanie, Mohamed Ould Ghazouani, président en exercice de l’Union africaine, a annoncé que l’UA prévoyait de lever environ 100 milliards de dollars pour soutenir les entreprises tournées vers l’exportation. Il a également insisté sur la nécessité absolue de maintenir une coordination efficace et continue entre l’UA et les blocs régionaux africains, base indispensable à la réalisation de l’intégration continentale et des objectifs de l’Agenda 2063 pour assurer un développement socio-économique inclusif et durable sur une période de 50 ans.