Le dernier rapport de la CNUCED, publié le 26 juin 2025, alerte sur l’explosion de la dette publique mondiale, qui atteint désormais 102 000 milliards de dollars. Une dynamique inquiétante, particulièrement pour les pays en développement, dont la dette croît plus vite et coûte plus cher que celle des économies avancées.
F.V.
Alors que l’humanité fait face à des chocs économiques successifs et une pression constante sur les finances publiques, l’endettement global prend une trajectoire ascendante. En 2024, la dette publique mondiale a atteint le seuil historique de 102 000 milliards de dollars, contre 97 000 milliards un an plus tôt. C’est ce que révèle le rapport Un monde de dettes 2025, publié par la CNUCED. Si cette dynamique interpelle à l’échelle globale, elle devient un véritable point de rupture pour les pays en développement. Depuis 2010, la dette de ces pays a progressé deux fois plus vite que celle des économies avancées, culminant à 31 000 milliards de dollars en 2024. Cette accumulation n’est pas uniquement une question de volume, c’est le coût du financement qui aggrave la situation. En une seule année, ils ont déboursé 921 milliards de dollars en paiements d’intérêts, soit une hausse de 10 % par rapport à 2023. Dans 61 pays, plus de 10 % des recettes publiques sont absorbées par le service de la dette.
« Aujourd’hui, 3,4 milliards de personnes vivent dans des pays qui consacrent plus aux paiements des intérêts de leur dette que pour la santé ou l’éducation », souligne le rapport. Derrière ces chiffres, une réalité alarmante. Selon le rapport, des gouvernements contraints de choisir entre rembourser et protéger leurs populations. Le modèle est devenu insoutenable.
Les pays en développement empruntent encore à des taux deux à quatre fois supérieurs à ceux des États-Unis. Ce différentiel pénalise lourdement les marges budgétaires et rend l’investissement dans les infrastructures, l’éducation ou la transition énergétique difficilement réalisable. Le fardeau de la dette prive ces pays d’outils pourtant indispensables à leur développement.
Face à cette dynamique, la CNUCED appelle à une réforme profonde du système financier international. L’objectif n’est autre que de passer d’un modèle centré sur les logiques de rendement à une architecture plus inclusive, orientée vers le développement. Les propositions incluent la création d’un mécanisme efficace de restructuration de la dette, l’augmentation des financements concessionnels, ainsi qu’un meilleur accès à la liquidité en période de crise.
La 4e Conférence internationale sur le financement du développement, en préparation, constitue une fenêtre d’action pour donner corps à ces réformes attendues. Le rapport pose une équation simple : sans changement systémique, la dette ne sera plus un outil de développement, mais une impasse budgétaire chronique.