Publié par le Center for the Governance of Change (CGC), le Rapport sur l’impact souverain 2025 s’intéresse aux enjeux du développement durable et met en lumière une transformation profonde, mais encore peu perceptible, des fonds souverains (FSS).
Bidossessi WANOU
Longtemps perçus comme de simples gestionnaires prudents des excédents budgétaires nationaux, les acteurs financiers mobilisés autour des fonds souverains, s’affirment aujourd’hui comme des catalyseurs d’un développement économique durable et inclusif, en particulier en Afrique. Face à un déficit annuel estimé à 4,2 milliards de dollars pour atteindre les Objectifs de Développement Durable (ODD), les fonds souverains réorientent progressivement leurs stratégies d’investissement. En effet, ils privilégient désormais des approches à long terme qui concilient rendement financier et impact socio-économique, à travers ce que le rapport appelle une approche à double objectif. Une dynamique notable est celle des fonds d’investissement stratégiques (FIS), en plein essor dans neuf pays africains, parmi lesquels le Nigéria, le Sénégal, l’Égypte et le Maroc. Ces FIS s’inscrivent dans un réseau de coopération plus large, tissant des liens avec des plateformes mondiales telles que le Forum international des fonds souverains (IFSWF), l’Initiative One Planet (OPSWF), le Forum des investisseurs souverains africains (ASIF) et Africa50. Le rapport recense aussi plusieurs collaborations structurantes avec des institutions de financement du développement (IFD), telles que la Société financière internationale (SFI), ainsi qu’avec des fonds d’impact ou souverains internationaux : FONSIS (Sénégal), Temasek (Singapour), ADQ (Abu Dhabi) et Leapfrog Investments.
Le document met particulièrement en avant les cas du Nigeria Sovereign Investment Authority (NSIA), du FONSIS et de Temasek, en les analysants à travers des contributions d’experts académiques et de dirigeants du secteur. Un accent est également mis sur l’intégration des critères ESG (environnement, social, gouvernance), avec une mention spéciale pour les engagements du Fonds pétrolier de la République d’Azerbaïdjan (SOFAZ) à la COP29. In fine, le rapport présente l’Initiative d’impact souverain (SII), une action conjointe du CGC et de plusieurs fonds souverains qui vise à promouvoir les investissements alignés sur les ODD tout en renforçant les capacités institutionnelles dans les pays émergents. Pour rappel, un fonds souverain est un véhicule d’investissement détenu ou contrôlé par un gouvernement, gérant des actifs financiers (comme des actions, des obligations, de l’immobilier) pour le long terme. Ils peuvent aider à amortir les chocs économiques liés aux fluctuations des prix des premières ou d’autres facteurs, à favoriser l’épargne intergénérationnelle en permettant de préserver la richesse nationale pour les générations futures et enfin, financer des projets d’infrastructures, des investissements dans des entreprises nationales, ou soutenir des secteurs clés.