Avec plus de 960 millions de US$ d’investissement en 2023, les startups africaines sont en pleine expansion malgré les défis de toutes sortes qui menacent leur existence et leur mettent les bâtons dans les roues freinant ainsi leur progrès.
Issa DA SILVA SIKITI
Bien que ce montant ait suivi une tendance générale à la hausse, il semble néanmoins avoir baissé par rapport aux deux dernières années, a indiqué une spécialiste du secteur, qui ajoute que la fintech africaine continue son bonhomme de chemin et se positionne présentement comme le marché à la croissance la plus rapide au monde.
« Les investissements d’amorçage dans le secteur se situent désormais en moyenne entre 3 et 10 millions de dollars américains, ce qui reflète la confiance croissante des investisseurs et l’augmentation des entrées de capitaux », a fait savoir Yaa Ngonyama, consultante principale chez Frost & Sullivan Africa, citant l’Afrique du Sud, le Nigéria, l’Égypte, le Kenya et le Ghana comme les têtes de séries du continent en investissements de fintech.
Ngonyama prédit que le secteur va connaître des développements encore plus passionnants pendant la prochaine décennie. « Les futurs investissements dans le secteur se concentreront probablement sur la construction et l’intégration de systèmes financiers, transformant les services financiers en une base horizontalement intégrée pour tous les secteurs plutôt que l’approche verticale actuelle. Cette intégration va redéfinir le rôle des services financiers, en les intégrant dans les transactions économiques quotidiennes à travers le continent », souligne-t-elle.
Défis majeurs
Cependant, selon Marthe, une travailleuse du secteur, la fintech africaine ne fera des progrès remarquables que si les gouvernements arrêtent de perturber la connexion internet comme s’ils manipulaient leurs télécommandes de télévision. « Je crois que la coupure d’internet constitue l’ennemi numéro un du développement de la fintech. Le secteur aurait atteint le sommet s’il n’était pas menacé par des régimes hors-la-loi qui font n’importe quoi pour satisfaire leurs intérêts égoïstes ».
L’autre défi majeur, selon l’EIC Corporation, c’est le coût exorbitant de la connexion qui ne favorise pas l’utilisation d’applications ou de technologies requérant une connexion continue.
Et d’ajouter : « La disponibilité et l’accessibilité des terminaux mobiles ralentissent aussi l’évolution des fintechs en Afrique. Les smartphones de marque mondialement réputées (Apple, Samsung, HTC, Huawei) ne sont pas à la portée de la bourse de très nombreux africains », regrette cette plateforme internationale des Clubs d’Investissement et de coopération économique basée à Abidjan, ajoutant que la production de terminaux « low cost » est à ce jour un enjeu important pour le développement de la fintech.
« Un autre type de frein aux fintechs est le cadre légal et réglementaire. Le manque de régulation harmonisée de l’économie numérique sur le continent ne favorise pas l’expansion des projets sur l’ensemble du continent. Les fortes différences, d’un pays à un autre, entraînent des sources de coûts additionnels pour les entreprises de fintech vu qu’elles sont obligées – en cas d’élargissement de leurs scopes à d’autres pays – de souvent changer fondamentalement leurs produits afin de les rendre conformes aux réglementations locales ».