Il y a eu plus de 3 000 attaques terroristes dans le monde entre 2023 et 2024, et la région africaine du Sahel, qui est devenue l’épicentre du terrorisme mondial, a enregistré la moitié de tous les décès liés au terrorisme en 2023, selon le Global Terrorism Index, un rapport publié en 2024 par l’Institute for Economics and Peace. Alors que ce think-tank basé à Sydney, en Australie, révèle que le terrorisme a coûté à l’économie mondiale 855 milliards de US$ entre 2000 et 2018, un rapport du PNUD indique qu’en Afrique le coût économique total du terrorisme s’élève au minimum à 119 milliards US$ de 2007 à 2016. « En réalité, ce chiffre est bien plus élevé une fois prises en compte les estimations des pertes de Produit intérieur brut (PIB) et d’activité économique informelle, des dépenses de sécurité supplémentaires et des coûts liés aux réfugiés et déplacés internes », ajoute le PNUD. Des chiffres monstres qui démontrent les effets dévastateurs humains et matériels de ce conflit armé non conventionnel sur les économies des pays affectés.
Issa DA SILVA SIKITI
« L’impact le plus immédiat et le plus mesurable du terrorisme est la destruction des bâtiments, des routes, des machines, des systèmes de transport et d’autres ressources économiques existants », indique Sean Ross, ancien rédacteur en chef de Financial Poise et conseiller financier, dans une analyse publiée sur le site d’Investopedia.
Ross soutient que du point de vue des investisseurs, la véritable menace du terrorisme mondial concerne le contexte global et non les incidents isolés, avant d’ajouter que les investissements et la coopération internationaux s’amoindrissent dans des pays où le terrorisme est omniprésent.
Il y a aussi les secteurs du terrorisme, du commerce et de l’assurance qui souffrent si les attaques terroristes persistent dans un pays, selon Ross. Au Mali, le pays a enregistré 310 incidents terroristes en 2022 contre 224 en 2021, l’activité touristique, qui prospérait surtout au centre et au nord et représentait un gagne-pain important pour des communautés locales, est morte depuis une décennie.
D’autre part, le terrorisme génère l’augmentation du nationalisme, la xénophobie et du scepticisme à l’égard des étrangers, souligne Ross, ajoutant que la fermeture des frontières au commerce et aux travailleurs immigrés réduit la taille et la diversité des transactions économiques et limite les ressources productives.
Sécuriser et combattre
Par ailleurs, renchérit le rapport du PNUD, les coûts du terrorisme comprennent non seulement l’impact des pertes en vies humaines, des blessures, des perturbations des fonctions économiques et d’autres facteurs directement liés, mais, si l’on considère la macroéconomie dans son ensemble, ils comprennent également les dépenses des gouvernements et de la communauté internationale consacrées à la réponse au terrorisme : sécurisation et maîtrise de la violence.
« Par rapport au reste du monde, l’Afrique a tendance, en général, à dépenser peu en matière de sécurisation. Les dépenses totales du continent en matière de sécurité ont été estimées à 838 milliards de US$ entre 2007 et 2016. Étant donné le niveau d’activité terroriste qui se déroule au Nigéria, il n’est peut-être pas surprenant que le pays ait dépensé le plus pour la sécurité au cours des dix années précédant 2016, soit 78,4 milliards de US$ ».
Le terrorisme torture l’économie locale et internationale