Sur l’émission l’Invité de l’Intégration, le commissaire chargé du Département du développement de l’Entreprise, des Mines, de l’Energie et de l’économie numérique à l’UEMOA, Dr Paul Koffi KOFFI a présenté son dernier ouvrage intitulé : « UEMOA, bilan de 30 ans d’intégration économique ». Le livre édité chez l’Harmattan- Côte-d’Ivoire en août 2024, a été préfacé par le Gouverneur de la BCEAO, Jean Claude Kassi BROU.
En cette année 2024, l’UEMOA célèbre son 30ème anniversaire, vous êtes un des acteurs majeurs du processus de l’intégration économique, qu’est-ce qui vous a motivé à rédiger l’ouvrage intitulé « UEMOA, bilan de 30 ans d’intégration économique » ?
C’est pour un certain nombre de raisons que j’ai écrit ce livre. Je suis à mon neuvième ouvrage. Depuis 2007, j’ai commencé à m’intéresser aux écrits et à partir de 2008, les premiers ouvrages ont été publiés. Cela tient de mon passé familial. La deuxième raison est que l’UEMOA fête son 30ème anniversaire. En regardant dans la bibliothèque de l’UEMOA, j’ai constaté qu’il y a peu d’écrits sur l’institution. J’estime qu’à ce stade, 30 ans, ça fait beaucoup dans l’existence d’une personne, à plus forte raison dans la vie d’une structure d’intégration. La troisième raison, c’est que, je suis un acteur qui aime laisser des traces pour la postérité et pour ceux qui viendront après nous, qu’ils trouvent que, je suis passé par-là.
Vous traitez d’un sujet, d’une actualité brûlante : l’intégration, le libre-échange… D’après vos analyses, comment se porte aujourd’hui l’UEMOA en 2024 ?
L’UEMOA se porte assez bien. Elle ne se porte pas très bien mais assez bien… c’est bien. Je n’ai pas dit très bien, parce que, rien n’est parfait dans la vie. On a toujours des efforts à faire dans la vie. On vient de très loin. La région a connu des soubresauts. Je viens de lire un rapport des Nations unies qui fait état de ce que l’espace UEMOA avait le meilleur rendement économique en Afrique. Les pays de l’UEMOA, pris individuellement, ont de bons rendements. Pris individuellement ou collectivement, l’UEMOA se porte bien. Les organisations de cette nature existent beaucoup dans le monde mais très peu ont une performance aussi importante que celle de l’UEMOA.
Si l’UEMOA a ce bilan assez élogieux, salué de par le monde, qu’est-ce qui peut l’expliquer d’après vous ?
Le fait que l’UEMOA ait pu mettre en place des instruments d’intégration comme le pacte de convergence multilatéral qui permet une surveillance multi latérale à fixer des critères de convergence ; cela oblige les gouvernements à faire des efforts pour les respecter et pour les atteindre. Le jour du bilan au bout de chaque année, chaque pays regarde ce qu’il a fait et regarde ce qu’a fait l’autre. Cela entraine des réactions des gouvernements. La deuxième raison, c’est que, l’UEMOA procède à une revue. Elle passe dans les pays, donne des notes chaque année et ses notes sont connues et communiquées aux voisins. Alors, il y a un intérêt à ce que les Etats suivent les recommandations de l’UEMOA. Ces deux éléments sont très importants. L’UEMOA est un organisme exemplaire dans sa gouvernance qui permet d’avoir des instruments au niveau de ses ressources humaines et de ses institutions spécialisées. L’UEMOA est composée de 12 organes qui marchent bien et qui permet d’avoir les résultats. Cette résilience est liée à la bonne gouvernance au sein de l’Union.
Sur quel levier doit-on actionner pour convaincre les sceptiques qui ne croient pas à l’émergence de l’UEMOA ?
Il y a deux choses : la première c’est l’intégration de la population. Les gens veulent sentir une sorte d’appropriation. On a du travail à faire sur ce point. Quand, je passe dans les pays et que je dis aux populations que, c’est l’UEMOA qui a fait par exemple une telle chose, les gens sont étonnés. Dans les pays, l’appropriation n’est pas suffisante. La deuxième chose est qu’il faut maintenir le cap des réformes. Quand vous avez une voiture et vous roulez à la même vitesse pendant longtemps, à un moment vous avez envie de somnoler, le changement de vitesse, de cap est absolument nécessaire. Cela n’est pas lié à des insuffisances ou à l’incapacité des gens ; il faut toujours donner un coup d’accélérateur et c’est peut-être ça qui manque.
En termes de perspectives, quelles sont les pistes sur lesquelles, l’Union doit travailler pour améliorer le devenir des populations ?
La première des choses, il faut une base institutionnelle solide. Il faut rendre réelle l’union entre l’UMOA et l’UEMOA. Pour ce qui est du fonctionnement des autres organes, il faut voir quel est le pas futur qu’on peut franchir. Nous avons une Cour de Justice, une Cour des Comptes et d’autres mais la question est de savoir si ces organes ont fini leur cheminement. Qu’est-ce qu’on peut faire comme valeur ajoutée ? Ensuite, le lien entre ces institutions, entre les organes financiers et les organes politiques et de contrôle. La deuxième chose, c’est qu’il faut des infrastructures communautaires pour échanger, pour commercer, pour voyager entre Etats membres. Nous avons aussi des problèmes de sécurité au sein de l’Union. Nous travaillons à apporter des solutions sur toutes ces questions.
A quand votre dixième ouvrage et sur quel sujet allez-vous écrire prochainement ?
J’ai actuellement deux sujets sur la table dont la rédaction est bien avancée. Je confirme qu’il y a un dixième livre en préparation et qui sortira en 2025.
Transcription : Belmondo ATIKPO
Parcours de l’homme
Auteur de 09 livres et acteur politique dans son pays la Côte-d’Ivoire, Dr Paul Koffi KOFFI cumule une carrière riche d’une quarantaine d’années dans le domaine de l’économie, des finances, de la statistique, du management, des entreprises, de l’emploi et du développement durable. Avant de rejoindre le collège de l’UEMOA en mai 2017, il a occupé plusieurs postes ministériels en Côte-d’Ivoire. Dr Paul Koffi KOFFI a été ministre de la Défense, de l’enseignement technique et de la formation professionnelle. Il aussi servi au Bureau International de Travail à Madagascar.