Dans un rapport publié ce lundi 20 janvier 2025, l’ONG Oxfam alerte sur la croissance fulgurante de la fortune des milliardaires à travers le monde. L’écart entre pauvre et riche se creuse davantage remettant ainsi en cause la lutte menée depuis des décennies.
Bidossessi WANOU
Intitulé « L’art de prendre sans entreprendre », ce rapport met en lumière une augmentation de la richesse des ultra-riches, qui a progressé trois fois plus vite en 2024 qu’en 2023. Selon l’ONG, la fortune des milliardaires s’est accrue de 2 000 milliards de dollars l’an dernier, un rythme sans précédent. Le rapport d’Oxfam révèle également qu’en 2024, 204 nouveaux milliardaires ont été recensés à travers le monde, soit une moyenne de quatre par semaine. Si cette tendance se maintient, Oxfam anticipe que d’ici dix ans, cinq individus posséderont chacun plus de 1 000 milliards de dollars. La situation en France, bien que moins extrême, n’est pas en reste : depuis 2019, la richesse des milliardaires français a augmenté de 24 milliards d’euros, soit une moyenne de 13 millions d’euros par jour, bien que cette progression ait marqué une pause en 2024.
L’ONG souligne par ailleurs que plus d’un tiers des milliardaires doivent leur fortune non pas à l’entrepreneuriat, mais à des héritages. Oxfam met également en lumière une réalité plus sombre : en dépit des initiatives anti-pauvreté engagées depuis longtemps, le niveau de pauvreté à l’échelle mondiale persiste à augmenter. En 2024, selon la Banque mondiale, 44 % de la population mondiale vivait sous le seuil de pauvreté. Oxfam dénonce aussi l’héritage historique du colonialisme, qui continue d’alimenter les inégalités actuelles. « De nombreux super-riches doivent une partie de leur fortune à l’exploitation historique des pays pauvres », écrit l’ONG, soulignant que cette dynamique d’extraction des richesses perdure à travers des mécanismes comme le remboursement de la dette des pays du Sud aux créanciers des pays du Nord. Par ailleurs, l’héritage économique colonial reste visible dans la spécialisation excessive des économies du Sud, qui dépendent largement de l’importation de biens vendus à des prix élevés à leurs populations.
L’ONG Oxfam met en cause la concentration du pouvoir entre les mains d’une petite élite de milliardaires qui exerce une influence grandissante sur les industries et l’opinion publique. Face à ces constats, l’ONG appelle à des mesures radicales pour inverser la tendance et réduire les inégalités. Parmi celles-ci figurent une taxation plus forte des richesses héritées ou injustement acquises, le plafonnement des rémunérations des PDG et l’annulation des dettes des pays en voie de développement.