La Banque Ouest africaine de développement (BOAD) a tenu un roadshow à Cotonou le 13 février 2025, présentant son programme de Prêt adapté aux catastrophes naturelles (PACAN). Plusieurs intervenants de différents ministères, des acteurs du secteur public ainsi que des partenaires financiers et techniques tels que la Banque Mondiale, le FMI et la KfW, qui financent le projet, ont assisté à la présentation du PACAN 2025.
Falco VIGNON
Dans la dynamique de faire face aux impacts du changement climatique qui pourraient compromettre les avancées faites au cours des dernières décennies en termes de développement, la KfW et la BOAD ont instauré l’outil PACAN pour fournir une réponse rapide en termes de financement suite à une catastrophe climatique. Après l’étape de Lomé, un roadshow sur le Prêt adapté aux catastrophes naturelles (PACAN) a été organisé à Cotonou. Lors du lancement du Roadshow PACAN 2025 à Lomé, Serge Ekue, Président de la BOAD, a souligné que ce programme représente un progrès significatif dans notre engagement en faveur de l’action climatique et de la construction d’une Afrique de l’Ouest plus forte et résiliente face aux enjeux du changement climatique.
Ce mécanisme, fruit d’une collaboration entre Munich RE et ARC Ltd, a permis au Togo de bénéficier d’un allègement immédiat sur ses obligations de remboursement. Cela lui a donné la possibilité de dégager des fonds essentiels pour faire face aux besoins d’urgence et restaurer les infrastructures affectées.
« Surpassant les mécanismes de financement traditionnels, qui bien souvent, s’activent après la catastrophe, le programme PACAN agit, selon le président de la BOA, avant et durant la crise ». Le PACAN offre une protection immédiate. En cas de catastrophe climatique, les obligations de paiement du pays bénéficiaire sont suspendues et prises en charge par une assurance paramétrique. Il évite la réallocation des budgets en garantissant l’utilisation des fonds destinés au remboursement des crédits, pour faire face à l’urgence, permettant ainsi aux pays de continuer à financer leurs projets de développement. Il renforce la solvabilité des États et prévient les défauts de paiement, assurant aux gouvernements la préservation de leur crédibilité financière.
Lors du lancement du Roadshow PACAN 2025, la Directrice du Bureau de la KfW a souligné que l’objectif principal de la collaboration allemande dans ce programme est d’aider à établir des mécanismes de financement durables. Cela permettrait aux pays en développement de se préparer et de réagir efficacement face aux catastrophes naturelles. Les prêts adaptés aux catastrophes naturelles (PACAN) sont un mécanisme d’assurance innovant qui prend en charge, en cas de catastrophe, les obligations de remboursement des prêts d’investissement pour l’atténuation et l’adaptation au changement climatique pendant une période déterminée.
Il est important de noter que le projet PACAN a été lancé en août 2024 et la phase pilote inclut le Bénin, la Côte-d’Ivoire, le Sénégal et le Togo.
Avant de présenter le mécanisme PACAN à Cotonou, Sandra AMICHIA, la Cheffe de mission résidente de la BOAD au Bénin, a précisé que l’objectif est d’accroître la résilience des États membres. Effectivement, la méthode PACAN favorise une augmentation de la liquidité en période de crise tout en consolidant la robustesse fiscale des débiteurs. Ces crédits garantis servent à financer les investissements requis pour des projets d’adaptation et de protection face au changement climatique. Ils sont combinés avec une assurance contre les risques climatiques, de sorte qu’en cas d’événement climatique prédéfini, les emprunteurs ont la garantie que les obligations de paiement convenues seront prises en charge par un assureur pendant une période prédéfinie. Le projet PACAN est en expérimentation avec la Banque ouest-africaine de développement (BOAD). En collaboration avec MunichRe, un produit d’assurance paramétrique individuel adapté au contexte régional a été développé. Les prêts standards de la BOAD accordés à ses pays membres et refinancés par la KfW sont ainsi combinés avec une assurance mise en œuvre grâce au soutien de l’African Risk Capacity (ARC), un pool d’assurance régional. Ce mécanisme couvre trois périls majeurs à savoir : La sécheresse, les précipitations extrêmes et les épidémies. Dans ces situations, l’assurance prend en charge les engagements financiers des pays membres de la BOAD vis-à-vis de la banque, afin de leur garantir une réaction prompte et des liquidités adéquates. Ainsi, ils sont plus résistants face aux crises. Dans tous les scénarios, des critères sont établis pour l’activation du PACAN. Le Programme des Crédits Adaptés aux Catastrophes Naturelles (PACAN) a été testé pour la première fois suite aux inondations d’octobre 2024 au Togo.
Introduction du dispositif PACAN au Bénin
A l’étape de Cotonou, les divers intervenants ont été formés sur l’efficacité du mécanisme et son potentiel pour améliorer la résilience climatique des pays exposés à la vulnérabilité. Selon la Directrice du Bureau de la KfW, « cette première activation est un signal positif de la manière dont les outils financiers peuvent être utilisés pour répondre rapidement et de manière ciblée aux catastrophes naturelles. L’activation du PACAN au Togo souligne l’importance de la collaboration entre le gouvernement, les acteurs locaux, les organisations internationales, et les institutions financières telles que la KfW. Cette coopération permet de garantir une réponse cohérente et bien coordonnée, tout en mettant en place une approche intégrée qui considère à la fois la gestion de crise et le développement durable ». Une phase pilote s’est déroulée également dans quatre pays. Après la phase pilote réussie dans quatre pays, « l’objectif est d’étendre progressivement l’accès au PACAN à l’ensemble des États membres de l’UEMOA. Cela permettra d’ajouter un module important à un réseau solide et cohérent de mécanismes financiers pour la gestion des risques climatiques dans la sous-région », a précisé Andreas Beckermann, représentant de l’ambassade de l’Allemagne près le Bénin. A l’en croire, « le PACAN ne se limite pas à être un simple mécanisme d’urgence permettant une réaction rapide en cas de catastrophe naturelle. Il représente surtout un outil essentiel pour assurer la résilience financière et fiscale des pays, en évitant un endettement supplémentaire ou une situation de défaut de crédit en période de crise ». Andreas Beckermann a salué la BOAD pour son engagement et son leadership.
Des experts et partenaires unanimes sur la pertinence du PACAN
Suite à l’exposé de ce dispositif par Eric Amoussou, le Responsable du Portefeuille Finance-Climat de la BOAD, les différents représentants de plusieurs ministères ont salué la pertinence du projet. Ils ont ensuite formulé des suggestions, notamment en ce qui concerne son ajustement aux contextes spécifiques de certains pays ou pour ce qui est des épidémies fréquentes et de la révision des seuils d’activation relatifs aux épidémies. Il convient de noter que le PACAN a été conçu par la BOAD et la KfW pour le compte du gouvernement fédéral d’Allemagne, en partenariat avec MunichRe, la Frankfurt School of Finance and Management (FSFM) et l’African Risk Capacity (ARC Ltd.).
De plus, divers experts et partenaires ont pris la parole suite aux présentations. Parmi les personnes concernées, on compte Sandra AMICHIA, qui est la Cheffe de mission résidente de la BOAD au Bénin. Elle révèle que les prêts PACAN s’inscrivent idéalement dans la stratégie de l’État du Bénin pour faire face à ces crises, qui malheureusement, se font de plus en plus fréquentes.
Eric Amoussou, en tant que Responsable Portefeuille finance climat à la BOAD, a souligné que face aux catastrophes naturelles, les gouvernements doivent prioritairement gérer les dégâts et apporter une aide rapide et efficace aux communautés touchées.
Luise Richter Alladayè, experte en assurances et financements liés à l’action contre le changement climatique, a indiqué que la KfW a apporté une aide financière de 16 millions d’euros pour l’élaboration du produit PACAN. Cette contribution vise également à subventionner les primes d’assurance lors de cette première phase pilote, ainsi qu’à soutenir les taux d’intérêt des emprunts basés sur le PACAN.
Céline Ardenne, Responsable de projet en finance climatique pour la Frankfurt School of Finance and Management, a précisé que l’objectif est d’octroyer des subventions aux pays qui s’engagent dans des projets d’adaptation et de mitigation face aux changements climatiques. Ces fonds permettent également de fournir une couverture assurantielle qui, lors d’une catastrophe climatique ou sanitaire, remboursera ces emprunts, au nom du gouvernement, à la BOAD.