Selon le dernier rapport du Réseau mondial contre les crises alimentaires, publié le 16 mai 2025, plus de 295 millions de personnes dans 53 pays ont souffert de faim aiguë en 2024. Une progression inquiétante qui s’explique par la persistance des conflits, les chocs climatiques et la détérioration économique.
F.V.
Dans un monde de plus en plus prospère, l’augmentation incessante du nombre d’individus touchés par la faim aiguë met en évidence un paradoxe glaçant. Le Rapport mondial sur les crises alimentaires (GRFC) 2025, publié par le Réseau mondial contre les crises alimentaires avec le soutien de plusieurs agences onusiennes, de l’Union européenne et de la Banque mondiale, dresse un constat sans appel : la faim s’étend, année après année, touchant en 2024 plus de 295 millions d’individus à travers 53 pays et territoires. Ce chiffre, le plus élevé depuis le début du suivi en 2016, traduit une dynamique alarmante.
La proportion de personnes confrontées à l’insécurité alimentaire aiguë est passée de 21,5 % en 2023 à 22,6 % en 2024, tandis que les cas d’insécurité alimentaire extrême ont doublé, atteignant 1,9 million de personnes. Les zones les plus critiques comprennent le Soudan, où une situation de famine est désormais confirmée, ainsi que la bande de Gaza, le Soudan du Sud, Haïti et le Mali, selon les données de la FAO. Les conflits armés continuent d’être le principal facteur de cette dégradation, affectant directement près de 140 millions de personnes. Mais ils ne sont pas seuls. Les chocs économiques : inflation, dévaluations monétaires, perte de pouvoir d’achat, ont impacté 59,4 millions de personnes.
Les catastrophes climatiques, aggravées par El Niño, ont quant à elles frappé plus de 96 millions de personnes, particulièrement en Afrique australe, dans la Corne de l’Afrique et en Asie du Sud. Les pays les plus durement touchés incluent le Nigeria, le Soudan, la République démocratique du Congo, le Bangladesh, l’Éthiopie, le Yémen, l’Afghanistan, la Birmanie, le Pakistan et la Syrie. Ces États concentrent à eux seuls la majorité des situations d’urgence alimentaire, selon le GRFC. La réduction des aides internationales ajoute une dimension particulièrement préoccupante à cette crise. Pour António Guterres, Secrétaire général des Nations Unies, il ne s’agit plus seulement d’un dysfonctionnement systémique : « Les crises de longue date sont maintenant aggravées par une autre, plus récente : la réduction spectaculaire des fonds humanitaires vitaux pour répondre à ces besoins. Il ne s’agit pas seulement d’une défaillance des systèmes, mais d’une défaillance de l’humanité.
La faim au XXIᵉ siècle est indéfendable. Nous ne pouvons pas répondre à des estomacs vides avec des mains vides et des dos tournés ». Face à cette spirale, le rapport appelle à des réponses coordonnées, plus ambitieuses et centrées sur les besoins humanitaires, loin des logiques d’ajustement budgétaire. Car la faim massive n’est pas une fatalité, mais bien une conséquence directe des choix collectifs.