Les nouveaux entrants sur le marché du gaz naturel en Afrique comme le Mozambique, le Sénégal et la Mauritanie devraient remplacer peu à peu l’Algérie, le Nigéria, la Libye et l’Égypte, qui avaient accaparé 92% de la production du continent entre 1970 et 2021.
84,7% des nouvelles réserves de gaz naturel en phase de préproduction en Afrique se trouvent dans sept pays qui jusqu’ici n’exploitent pas les combustibles fossiles, selon un rapport publié en février dernier par l’ONG Global Energy Monitor. Ce rapport, qui se base sur les données de Global Oil and Gas Extraction Tracker (GOGET) lancé par l’ONG spécialisée dans le suivi des projets gaziers et pétroliers à l’échelle mondiale, précise que le Mozambique abrite 44,9% de ces réserves prouvées qui sont encore aux étapes de préproduction. Viennent ensuite le Sénégal (15,1%), la Mauritanie (11,2%) et la Tanzanie (10%), l’Afrique du Sud (1,9%), l’Éthiopie (0,8%) et le Maroc (0,8%). Les réserves cumulées de ces sept pays se chiffrent à plus de 5137,5 milliards de mètres cubes (mm3). Les nouveaux entrants sur le marché du gaz devraient ainsi remplacer peu à peu les pays producteurs traditionnels, en l’occurrence l’Algérie, le Nigéria, la Libye et l’Égypte qui avaient accaparé 92% des volumes de gaz naturel produits en Afrique entre 1970 et 2021.
L’Algérie, l’Égypte, la Libye et le Nigéria domineront encore la production de gaz à court terme, mais que le Mozambique et les autres futurs hubs gaziers africains représenteront plus de 50% de la production gazière du continent d’ici 2038. Le rapport souligne également que le développement des divers projets qui sont actuellement en phase de préproduction et des infrastructures d’exportation, y compris dans les pays producteurs traditionnels, nécessiterait des investissements sur site vierge (greenfield investments) estimés à 329 milliards de dollars. Parmi les principaux projets gaziers en phase de préproduction, le rapport cite notamment ceux de Golfinho-Atum (Mozambique), Grand Tortue Ahmeyim (Sénégal et Mauritanie) et Zafarani (Tanzanie).
Une production destinée majoritairement à l’exportation
Si les 79 projets en phase de préproduction répertoriés en Afrique sont réalisés, la production gazière du continent augmentera d’environ 33% d’ici 2030. Les investissements sur site vierge devraient s’intensifier dans la seconde moitié de la décennie en cours, la décision d’investissement finale pour nombre de projets étant attendue durant cette période. Global Energy Monitor indique d’autre part que la majorité du gaz naturel que les nouveaux projets devraient produire n’est pas destinée à la consommation intérieure, malgré les faibles taux d’électrification dans les futurs hubs gaziers africains comme le Mozambique (30%), la Tanzanie (40%) et la Mauritanie (47%). En préproduction, de nombreux sites d’extraction de gaz sont d’ailleurs associés à des terminaux d’exportation de gaz naturel liquéfié (GNL).
Les dépenses d’investissement dans les terminaux de GNL programmés sont estimées à environ103 milliards de dollars, dont 92 % financeraient les terminaux d’exportation de GNL. Les cinq principaux pays africains qui développeront des terminaux d’exportation sont la Tanzanie, le Mozambique, le Nigéria, la Mauritanie et le Sénégal. À l’exception du Nigéria, tous ces pays figurent parmi les nouveaux entrants sur le marché. Les données de Global Energy Monitor montrent par ailleurs que la majorité des réserves des nouveaux champs gaziers en Afrique appartient à des entreprises dont le siège social est situé en Europe, ce qui laisse croire que la majorité des bénéfices issus de ces projets ne profiterait pas à l’Afrique. Les sociétés publiques algérienne et mozambicaine Sonatrach et Empresa Nacional de Hidrocarbonetos (ENH) sont les seules entreprises africaines à se classer dans le top 10 des propriétaires de réserves des champs gaziers en phase de préproduction recensés sur le continent.
Agence Ecofin