Un an après la création, quelque peu précipitée, de l’Alliance des États du Sahel (AES) par les juntes du Mali, du Niger et du Burkina Faso, initialement dans le but d’unir les efforts pour « éradiquer » le terrorisme et réaffirmer leur souveraineté nationale, les populations de ces pays n’ont rien à célébrer car ces objectifs ne semblent pas être atteints.
Issa DA SILVA SIKITI
En se débarrassant de la Mission de l’ONU au Mali (MINUSMA) et des armées occidentales, notamment les français, et dans la foulée claquer la porte du bloc sous-régional (CEDEAO) et en renforçant le partenariat militaire avec la Russie, la junte malienne croyait avoir gagné le jackpot. Mais ce fut un échec cuisant car à part la reconquête de la très stratégique ville de Kidal, en général la situation sécuritaire ne fait que détériorer. Le partenariat du Mali avec le Niger et le Burkina Faso n’a pas changé la donne et n’a pas réussi à empêcher les terroristes du Jama’at Nusrat al-Islam wal-Muslimin (JNIM) et de l’Etat Islamique à tuer des civils et des soldats et à voler du bétail.
Au contraire, l’armée malienne a subi des pertes énormes humaines et matérielles fin juillet lors de la bataille farouche qui l’a opposée aux rebelles Touaregs du CSP. En outre, mardi matin, 17 septembre, la capitale Bamako a été la cible d’attaques terroristes qui ont secoué les Bamakois et marqué les esprits sur la capacité des djihadistes du JNIM de frapper quand ils veulent et où ils veulent.
Entretemps, 330 713 déplacés internes continuent de croupir dans la misère, loin de leurs villages. L’insécurité alimentaire accroît et la pauvreté persiste, et vu et au su de l’AES qui semble donner la priorité au lancement de nouveaux passeports biométriques et à la création d’une banque d’investissement.
Etant donné les réalités sur le terrain qui pointent largement à l’incapacité de l’armée malienne et du gouvernement de la transition d’améliorer la situation sécuritaire, le colonel Assimi Goïta a eu tort le 15 septembre de vanter les mérites de l’AES qui, selon lui, a porté ses fruits pendant ces 12 derniers mois.
La série continue
Entretemps, la série des attaques terroristes continue au Burkina Faso comme si l’AES n’existait pas. Comme preuve tangible, la ville de Djibo, située à 200 km au nord de la capitale Ouagadougou, est encerclée depuis près de deux ans par des groupes terroristes. Le pays a également été frappé par une attaque meurtrière, fin août, qui a causé la mort de centaines de civils.
Au Niger, l’insécurité s’accentue dans un contexte tendu où l’ancien président Mohamed Bazoum et sa femme restent séquestrés plus d’un an par la junte qui est déterminée à le juger pour « haute trahison ». Et pourtant, la junte avait justifié sa prise du pouvoir par la dégradation de la situation sécuritaire dans le pays et la mauvaise gouvernance économique et sociale. En attendant que les trois juntes et « leur » AES fassent mieux que leurs prédécesseurs et la CEDEAO qu’ils ont quitté en cascade, les populations crient au secours !